Journées Doctorants « Dire et penser les pouvoirs » [Participation : Hybride] | |
Contact : GUIRAUD Myriam myriam.guiraud@univ-tlse2.fr Catégorie : Interdisciplinarité / Scientifique Langue de l'intervention : français Nombre d'heures : 6 Min participants : 5 Nbre en attente d'inscription : 11 Public prioritaire : Aucun Public concerné : Tout doctorant de ALLPHA - Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication Proposé par : ALLPHA - Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication | Lieu : UT2J Début de la formation : 28 mars 2025 Fin de la formation : 28 mars 2025 Date ouverture des inscriptions : Date fermeture des inscriptions : 17 mars 2025 Programme : La journée d’études de l’École Doctorale ALLPH@ aura pour titre cette année « Dire et penser les pouvoirs » et réunira des doctorant e s issu·e s des divers laboratoires qui composent notre École Doctorale. Elle sera l’occasion de s’interroger sur les significations du terme « pouvoir » et des formes qu’il peut prendre. S’il s’agit d’une notion transversale qui se déploie au travers les époques et les disciplines, il convient plus que jamais de mettre à jour et de penser collectivement la richesse des travaux en sciences humaines et sociales afin d’appréhender nos futurs. Comme chaque année, cette journée est organisée par les représentant.e.s élu.e.s des doctorant.e.s ALLPH@ ; elle s’adresse aux doctorant·e s de notre École Doctorale et leur donne l’occasion de partager des réflexions tirées de leurs champs de recherche respectifs et/ou d’écouter les travaux d’autres jeunes chercheur·e s d’ALLPH@. Les doctorant·e s des différentes disciplines représentées par les laboratoires de l’École Doctorale trouveront ainsi l’occasion de développer des réflexions et d’échanger autour des notions de représentation, de responsabilité éthique et scientifique, d’engagement politique et artistique. Créée en réponse à la construction de l’autoroute de A69 par l’entreprise Vinci, la Zone à Défendre (ZAD) contre l’autoroute A69 résiste depuis Saïx jusqu’à Lacroisille. De l’occupation des arbres à la création d’un camping en passant par des zones occupées sur le trajet de la construction de l’autoroute, l’action des sujets politiques qui composent ce collectif nous permet de dire et penser les pouvoirs en dehors du concept étroit de la politique dite politicienne. Si on le définit comme la capacité de faire quelque chose, alors on extirpe le pouvoir de sa substance politicienne, au sens gouvernemental, pour le faire devenir une capacité d’agir dont chaque individu semble disposer. Toutefois, le pouvoir renvoie aussi à celui ou celle qui dispose de l’autorité sur d’autres. Considérée comme relevant d’un pouvoir légitime - notamment dans nos sociétés démocratiques - cette autorité est néanmoins sans cesse remise en cause, par d’autres individus - issus de la société civile - qui considèrent le pouvoir comme une capacité d’agir et de résister, mais aussi de se réinventer. Cette paradoxalité inscrite dans le langage au coeur du mot « pouvoir » nous invite à nous questionner sur la multiplicité des formes de pouvoir qui s’expriment dans nos sociétés. Dire et penser les pouvoirs se comprend-t-il uniquement dans une relation binaire entre une autorité qui impose et une société civile qui résiste ? N’existe-t-il pas un pouvoir plus informel s’exprimant aussi bien dans le langage au sein des relations interpersonnelles que dans les formules algorithmiques nécessaires et utiles à la société consumériste ? Et comment le pouvoir considéré à travers le concept de l’agentivité résiste certes, mais réinvente totalement le et les pouvoir.s ? Contextualisation et cadrage épistémologique L’histoire des sociétés humaines, peut-être, est-elle celle des pouvoirs qui les ont modelées, avec plus ou moins d’autorité ou de patience. Hordes, républiques, empires, khanats, communes, monarchies, etc. : le regard sur l’histoire nous offre un vaste panorama de modèles politiques qui ont prétendu et qui prétendent encore mobiliser et distribuer le pouvoir de la façon la plus légitime qui semble. Ces tentatives, passées ou à venir, de naturaliser la domination des uns sur les autres, recourent à chaque fois à des mots qui leur sont propres pour dire le droit qu’elles s’arrogent sur les corps individuels, des mots qu’elles prélèvent sur les discours de la tradition ou de la révolution et qui déploient dans l’imaginaire des locuteurs leurs arrière-mondes teintés de crainte ou d’espérance. Quels sont ces mots et quels en ont été les usages ? Quels imaginaires ouvrent-ils, en leur temps et rétrospectivement ? Poser la question des discours émis dans l’histoire par les puissants pour se dire et pour se faire obéir, poser la question corollaire de leur réception par les masses, les communautés et les individus « subalternes », revient au fond à suggérer la permanence d’un langage du pouvoir, qui décline ses multiples connotations dans le temps, selon qui le parle et qui l’entend. Nos objets d’étude témoignent-ils, à leur échelle, de la rumeur polyphonique des pouvoirs qui furent ? Et que disent des humains qui les ont mises en pratique ou qui ont subi ces expériences politiques par lesquelles on a cherché à insuffler une cohérence interne aux groupes qu’ils formaient et à les différencier les uns par rapport aux autres ? Quels défis les figures du « barbare », de l’ « étranger », du « délinquant » ou du « marginal » jettent-elles, au fil des siècles, à l’imaginaire des puissances qui les affublent de tels noms ? La présente journée d’études sera l’occasion de se pencher sur ces figures « en négatif » du pouvoir, qui en troublent l’exercice ou, peut-être, en légitiment l’action coercitive. Il faudra aussi s’intéresser aux effets « internes » que les instances de pouvoir produisent sur les corps et les esprits dont ils ont la charge. Quels savoirs particuliers l’exercice du pouvoir tire-t-il des corps qu’il traverse et qu’il travaille, génération après génération, dans les domaines militaire et paramilitaire, clérical, scolaire, psychiatrique ? Comment ces effets de domination ont-ils été vécus et commentés dans l’histoire, du point de vue de la théorie et de celui de l’expérience et, le cas échéant, que révèlent les discordances entre les doctrines et les pratiques d’un même pouvoir ? Et qu’en est-il dans nos archives de ces pouvoirs qui n’ont pas de nom, ou qui rechignent à être nommés : patriarcat, hétéronormativité, blanchité ? À quels partages du sensible assiste-t-on dans les communautés traversées par ces enjeux de pouvoir discrets, anonymes, voire indicibles malgré leur hégémonie ? Quels témoignages vivants l’histoire nous fournit-elle, témoignages qui ne se contenteraient pas d’énoncer les effets du pouvoir sur les consciences individuelles mais les interrogeraient, pour les remettre en question ou, au contraire, pour les renforcer ? Correspondances, journaux intimes, mémoire administrative : comment le bruissement des sociétés humaines annonce-t-il les changements d’équilibre à venir, comment les rapports de pouvoir locaux constituent ici les signes avant-coureurs d’une transformation culturelle à venir, là les indices d’un retour de bâton réactionnaire ? Nous savons bien que les effets de domination vont rarement à sens unique et qu’ils s’accompagnent de phénomènes réfractaires plus ou moins vocaux. Rétifs ou insurgés, comment parlent tous ceux qui se reconnaissent victimes d’un pouvoir qui les oppresse ? Au nom de quelles valeurs renverser les rapports de force qui nous lèsent ? Quelles formes d’action politique, culturelle ou artistique ont émergé des marges de la société, cherchant à peser dans les conflits asymétriques qui les opposaient aux instances de pouvoir ? Des subcultures aux contre-cultures, comment penser, comment parler lorsqu’on s’élève envers et contre tout, contre les autorités, l’ordre établi ou le mainstream ? L’historiographie traditionnelle favorise une histoire univoque, qui relègue à la marge de l’attention les récits « subalternes » de tous ceux qui ont été dépossédés de leur histoire et des outils pour l’écrire : nous voudrions comprendre les mécanismes de cette invisibilisation et repérer des pratiques locales qui ont cherché à faire dérailler le rouleau-compresseur de l’histoire des puissants. Axes de recherches envisagés 1. Pouvoirs de l’artiste L’artiste est directement aux prises avec le pouvoir, qu’il le serve ou le dénonce. Mais ce rapport de proximité apparaît paradoxal, car il semble que plus l’art se rapproche des instances dirigeantes, moins il existe en tant que création artistique, comme si le « Beau » existait en dehors de toutes considérations politiques ou sociales. Du reste, le rapport de l’art aux pouvoirs concerne des processus d’invisibilisation de certain.es artistes ou formes d’art considéré.es par les classes dominantes comme non ou moins légitimes. Dans quelle mesure l’acquisition d’un capital économique, social, symbolique et culturel, pour parler en termes bourdieusiens, est-elle nécessaire à la reconnaissance de l’artiste ? Les intervenant.es pourront réfléchir à la notion de « chambre à soi » de Virginia Woolf, au concept de « créolisation » théorisé par Edouard Glissant, mais aussi aux possibilités véritables de lever la chape d’invisibilité qui pèse sur certains créateurs et d’interroger les catégories d’ « art exotique », d’ « art primitif », ou d’ « orientalisme » et les stratégies de résistances ou de contournement employées par les artistes underground et aux moyens de lutte que l’art peut leur offrir. 2. Le langage comme lieu de pouvoir Si le langage politique ou ordinaire peut être un vecteur d’oppressions lorsqu’il est utilisé par les dominants, il convient aussi d’analyser comment il peut s’avérer être un moyen efficace d’émancipation quand les minorités opprimées se réapproprient et retournent les stigmates (Gruel, 1985 ; Butler, 1990) dont elles font l’objet. La réappropriation culturelle d’un mot (W.E.B Du Bois, 1915), mais aussi de la langue et de l'écriture (Abbou, 2022) semble ainsi être une condition essentielle pour se (re)penser en tant que sujet politique, puis combattre le et les pouvoir.s afin de lutter pour une nouvelle existence. 3. Le pouvoir sur et dans le corps Pour Michel Foucault, le biopouvoir s’exerce, par l'intermédiaire d’institutions disciplinaires, sur la vie des individus. La médecine est pour lui un des dispositifs indispensables pour discipliner ou asservir les corps. Les débats contemporains sur le recours à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) fournissent un exemple des usages de la médecine qui, dans une société patriarcale, peut servir des objectifs reproductifs au détriment des femmes qu’on prive du droit de disposer de leurs corps. Mais face à un pouvoir qui les oppresse, les individus peuvent s’organiser, sur la base d’intérêts communs, en tant que corps pour former un groupe de résistance, être à l’initiative de mouvements sociaux. Les approches artistiques, ou les modes de revendication parfois festifs, à la différence du pouvoir violent et totalitaire, permettent en outre de repenser les formes de luttes et donc les formes d’exercice des pouvoirs. 4. Traitement médiatique, politique et espaces de revendications Les recherches sur les mouvements sociaux, notamment celles d’Erik Neveu, soulignent l’importance des espaces alternatifs, comme les réseaux sociaux numériques (RSN), et des médias dans la capacité d’un mouvement à perdurer et à influer sur les débats publics (Neveu, 1996). Déployés dans différentes arènes médiatiques, les discours véhiculent et peuvent être soumis à des formes de pouvoirs spécifiques, qu’elles soient techniques ou idéologiques. Si les RSN ont permis la mise en visibilité de discours parfois contre-hégémoniques par les usages qui en étaient faits, ces derniers restent néanmoins soumis à des propriétés qui leur sont propres. Les algorithmes jouent un rôle majeur dans la visibilité des contenus, ces derniers peuvent se fonder sur une homogénéisation erronée des usages des RSN qui finissent par reproduire, voire naturaliser, des situations d’inégalités déjà existantes (Jean, 2019 ; Grison, Julliard, Alié & Ecrement, 2023), démontrant alors les rapports de pouvoir intrinsèquement liés à certains dispositifs minoritaires. La question de la modération ou de la censure, ainsi que les stratégies de contournement déployées par les communautés militantes et/ou politiques, interrogent l’agentivité réelle ou imaginée des utilisateur·rices de ces plateformes. Issus d’espaces particuliers liés à des formes éditoriales spécifiques, ces moyens d’action questionnent la place du pouvoir médiatique et ses propriétés socio-économiques. Quelle est la place de l’information dans la création d’un discours hégémonique ? Si le pluralisme de l’information renvoie à une conception normative du rôle des médias dans la société à éclairer les citoyen·nes, d’autres travaux ont été motivés par des ancrages davantage socio-politiques de lutte pour la mise en visibilité d’une diversité d’identités culturelles dans l’espace public (Rebillard, Loicq, 2013). Ces orientations, quelle que soit leur nature, questionnent sur les pouvoirs et leur mise en discussion. La journée d’étude de l’ED ALLPH@ s’adresse aux doctorant.e.s et leur donne l’occasion de partager des réflexions tirées de leurs champs de recherche respectifs autour de la notion de « pouvoir ». Les chercheu.r.se.s des différents champs d’étude représentés par les laboratoires d’ALLPH@ trouveront l’occasion de développer des réflexions et d’échanger autour des notions de représentation, de responsabilité éthique et scientifique, d’engagement politique et artistique. Modalités de soumission Les propositions de communication (titre et résumé entre 200 et 300 mots, accompagnés d’une brève notice indiquant le sujet de votre recherche, votre fonction, votre laboratoire de recherche, ainsi qu’une courte bibliographie de vos publications) sont à envoyer avant le 10 janvier 2025 à l’adresse électronique des élu.e.s doctorant.e.s ALLPH@, organisateur.trices de la journée d’étude : elusallpha@gmail.com Bibliographie - ABBOU J. (2022). Tenir sa langue. Les Pérégrines. - ABIVEN K., VÉRON L. (2024). Trahir et venger : paradoxes des récits de transfuges de classe. La Découverte. - BAQUÉ D. (2024). Pour un nouvel art politique : de l’art contemporain au documentaire. Flammarion. - BUTLER J. (1990). Gender trouble: feminism and the subversion of identity. Routledge. - BÜRGER P. (2013). Théorie de l’avant-garde. Questions théoriques. - CHARAUDEAU P. (2011). Les médias et l’information. De Boeck Supérieur. - DU BOIS W.E.B. (1915). The Negro. Henry Holt and Company. - FANON F. (1952). Peau noire, masques blancs. Editions du Seuil. - FRIOT B. (2023). Prenons le pouvoir sur nos retraites. La dispute - DENIS B. (2000). Littérature et engagement. Essais. - FEDERICI S. (2019). Le capitalisme patriarcal [trad. Étienne Dobenesque]. La Fabrique Éditions. - FOUCAULT M. (1976). Histoire de la sexualité. 1. La volonté de savoir. Gallimard. - GAUTIER T. (2002). « Préface » de Mademoiselle de Maupin. Gallimard, 1835. - GLEIZAL J.-J. (1994). L’Art et le politique. P.U.F. - GLISSANT É. (1996). « Le chaos-monde : pour une esthétique de la relation », Introduction à une poétique du divers. Gallimard. - GRISON, T., JULLIARD, V., ALIÉ, F., & ECREMENT, V. (2023). La modération abusive sur Twitter : étude de cas sur l’invisibilisation des contenus LGBT et TDS en ligne. Réseaux, 237 (1), 119-149. - GRUEL L. (1985). Conjurer l’exclusion : rhétorique et identité revendiquée dans des habitats socialement disqualifiés. Revue française de sociologie, p. 431-453. URL : https://www.persee.fr/doc/rfsoc_0035-2969_1985_num_26_3_3964 - JEAN A. (2019). De l’autre côté de la machine : Voyage d’une scientifique au pays des algorithmes. Éditions de l’Observatoire. - L’ESTOILE B. de. (2010). Le Goût des autres : de l’Exposition coloniale aux arts premiers. Flammarion. - MOULIN Raymonde. (1992). L’Artiste, l’institution et le marché. Flammarion. - NEVEU E. (1996). Sociologie des mouvements sociaux. La Découverte. - NEVEU E. (2011). Sociologie du journalisme. La Découverte. - NOCHLIN L. (1993). Femmes, art et pouvoir et autres essais. J. Chambon. - NOCLIN L. (1995). Les Politiques de la vision. Art, société, politique au XIXe siècle. J. Chambon. - PLATON. (2016). La République. Flammarion. - REBILLARD F., LOICQ, M. (2013). Pluralisme de l’information et media diversity : Un état des lieux international. De Boeck. - ROSCHLITZ R. (1994). Subversion et subvention : art contemporain et argumentation esthétique. Gallimard. - SARTRE J-P. (1985). Qu’est-ce que la littérature ? Folio. - TAFFIN D. (2000) Du musée colonial au musée des cultures du monde : actes du colloque organisé par le Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie et le Centre Georges-Pompidou. Maisonneuve et Larose. - VIKTOROVITCH C. (2021). Le Pouvoir rhétorique : apprendre à convaincre et à décrypter les discours. Seuil. Pour toute question complémentaire sur cette journée, contact : elusallpha@gmail.com Calendrier : Séance n° 1 Date : 28-03-2025 Horaire : 9h00 à 12h30 et 14h00 à 18h00 Intervenant : Doctorants ED ALLPH@ Lieu : UT2J - Maison de la Recherche - Amphi F417 (Aile F, 4e étage) Info diverses : si vous souhaitez que cette activité soit validée dans votre parcours de formation, n’oubliez pas de signer les feuilles de présence (matin + après-midi) et de retourner complété le questionnaire d'évaluation qui vous sera envoyé électroniquement. |