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Séminaire « Théories féministes face aux gestes de créations cinématographiques : dynamiques, places, interactions, déplacements. Séance 3 » [Participation : Hybride]

Contact : GUIRAUD Myriam
myriam.guiraud@univ-tlse2.fr

Catégorie : Interdisciplinarité / Scientifique

Langue de l'intervention : français

Nombre d'heures : 3

Min participants : 5

Nbre en attente d'inscription : 13

Public prioritaire : Aucun

Public concerné :
Tout doctorant de ALLPHA - Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication

Proposé par : ALLPHA - Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication


Lieu : UT2J
Début de la formation : 21 mars 2025
Fin de la formation : 21 mars 2025
Date ouverture des inscriptions :
Date fermeture des inscriptions : 13 mars 2025

Programme :
Le film de Chantal Akerman Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles, élu en 2023 meilleur film de l’histoire du cinéma par les critiques de Sight and Sound, constitue depuis la fin des années soixante-dix l’un des films-emblèmes des mouvements féministes. Pour autant, Chantal Akerman, en 1975, ne se proclamait pas « féministe », ce qui suscita la question d’Angela Martin dans le numéro 3 (1979) de Feminist Review : « Une cinéaste qui déclare ne pas être féministe peut-elle réaliser des films féministes ? ». Un débat fécond s'ensuivit. Si ce film ne peut être unilatéralement interprété comme un acte de dénonciation envers l’ordre établi – conséquence de la domination patriarcale qui voit les femmes être seules en charge de la besogne ménagère – il n’en demeure pas moins un geste politique qui, loin de l’incriminer, proclame la prégnance du quotidien domestique au sein même de nos existences.
L’exemple de Jeanne Dielman trace l’un des premiers jalons de réflexion de ce séminaire doctoral. Comment certaines œuvres cinématographiques deviennent-elles des films-totems des mouvements féministes ? Il s’agira de dresser l’évolution historique de ce processus et d’analyser les modalités de ces « iconisations progressives », d’en dresser l’évolution historique. À l’inverse, comment des films tels que Baise-moi (2000) de Virginie Despentes ou plus récemment Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma (2019) deviennent-ils des catalyseurs d’une évolution sociale, influant simultanément sur les théories féministes et la société elle-même ?
Un autre volet analytique concerne les dynamiques qu’induisent les théories et les mouvements féministes sur la production cinématographique. Les exigences de parité, l’apparition de motifs récurrents et célébrés, l’émergence de nombreux festivals spécialisés dans les films de femmes (Festival de Créteil par exemple) constituent des forces qui modifient l’écosystème du cinéma contemporain. On interrogera ainsi la question de la fabrique de l’œuvre. La place des discours féministes dans les politiques publiques (notamment celles menées par le CNC) ainsi que dans la société, influence le geste de création cinématographique en modifiant les équilibres genrés au sein de l’équipe de film. La dynamique de l’équipe autour de la question du genre est devenue incontournable et âprement discutée, ce qui modifie son acte de création et de réception. À titre d’exemple, la bande dessinée Persepolis et le film éponyme de Marjane Satrapi sont des objets d’analyses très riches au prisme de cette problématique. La place de sa créatrice (qui en est également le personnage principal), la genèse du film coréalisé avec Vincent Paronnaud ainsi que la constitution d’une équipe d’animation plus féminisée que celles des films produits à l’époque (sans que la parité soit atteinte) seront interrogées. Un autre cas exemplaire de ces choix concernant les équipes de tournage a été revendiqué et remarqué pour le long métrage de fiction lesbo-pornographique de la cinéaste argentine Albertina Carri : Las hijas del fuego (2018), mettant en évidence la possibilité, dans le contexte de l’Argentine post-Ni Una Menos, de réaliser collectivement un projet pornographique relativement « grand-public », un « porno Disney » selon la cinéaste, qui à la fois rend compte et participe de l’activisme sexo-dissident.
Il s’agira dans ce séminaire doctoral d’analyser comment les théories féministes, productrices d’une pensée sociale et historique, considèrent les œuvres cinématographiques comme un enjeu simultanément discursif et performatif, construisant sans cesse des interactions avec la vie. Mettre en question le film pour mettre en question la société : qu’est-ce que cela signifie exactement ? Comment les théories féministes enjoignent-elles à penser le film comme un horizon social, politique ? Comment les théories filmiques analysent-elles, sous le double prisme génétique et esthétique, des œuvres qui ne sont pas toujours construites dans une visée politique ? Et finalement, comment l’œuvre, entité toujours autonome, contribue-t-elle par sa puissance d’interpellation à effacer les séparations des champs épistémiques et disciplinaires pour solidariser une « pensée-constellation » qui échappe à tout processus de pétrification et d'enfermement théorique ?

INTERVENANTES
Michèle SORIANO - CEIIBA
(Centre d’Études Ibériques et Ibéro-Américaines). PhD Université de Pittsburgh, Professeure au Département d’études hispaniques et hispano-américaines de l’Université Toulouse Jean Jaurès. Ses recherches portent sur les féminismes latino-américains, les épistémologies (trans)féministes et queer latino-américaines, l'analyse des discours féministes, queer et contre-hégémoniques dans la littérature et le cinéma, ainsi que sur les questions méthodologiques que pose la mise en lumière de ces discours. Parmi ses publications : Soriano, Michèle (dir.), Féminismes latino-américains en traduction. Territoires dis-loqués (2020), Mullaly, Laurence et Soriano, Michèle (dir.), De cierta manera. Cine y género en América latina (2014) ; Soriano Michèle, « Screening sex. Agencia y pornografía en las obras de Albertina Carri », Kamchatka. Revista de análisis cultural, No 19, 2022, p. 81-113. Soriano, Michèle, « La bella tarea : queeriser l’enfantement », L’Ordinaire des Amériques [En ligne], No 228, 2022, URL : http://journals.openedition.org/orda/7161; Soriano, Michèle, « Des poupées et des chiennes. Queer/cuiriser les hétérotopies », Lectures du genre [en ligne] No 15 – « Boop oop a doop… Babies, pets and poodles », novembre 2021, URL : https://lecturesdugenre.fr/category/numero-15-performance-et-liberte-boop-oop-a-doop-babies-pets-and-poodles/ ; Soriano Michèle, Maury Cristelle et Courau Thérèse, « Muere Monstruo Muere : sous le gore, le genre… ou comment représenter les féminicides », Genre en séries [En ligne], No 11, 2020, URL : http://journals.openedition.org/ges/1049.
Christelle MAURY - CAS (Centre for Anglophone Studies) est maître de conférences en anglais et études filmiques à l’Université de Toulouse – Jean Jaurès, enseignante-chercheure au laboratoire CAS EA 801. Membre de la Structure collaborative de recherches ARPEGE (approches pluridisciplinaires des études sur le genre et les sexualités)
Corinne MAURY - LLA CREATIS (Laboratoire Lettres, Langages et Arts) est maître de conférences HDR en esthétique du cinéma à l’Université de Toulouse – Jean Jaurès. Elle a publié Jeanne Dielman, 23 quai du commerce 1080 Bruxelles (Yellow Now, 2020). Du parti pris des lieux dans le cinéma contemporain (Hermann, 2018 & Edinburgh University Press, 2022), L'Attrait de la pluie (Yellow Now, 2013), Habiter le monde. Éloge du poétique dans le cinéma du réel (Yellow Now, 2011). Elle a notamment co-dirigé Béla Tarr, De la colère au tourment (Yellow Now, 2016), Raymonde Carasco et Régis Hébraud : à l’œuvre (PUP, 2016), Ecrire l’analyse de film. Un enjeu esthétique (Revue Théorème, 2019) et Lav Diaz : faire face (Post Éditions, fin 2021). Ses recherches portent principalement sur le cinéma contemporain (fiction et documentaire), sur l’espace au cinéma (lieu, paysage, territoire) et sur les formes quotidiennes de vie.

Séance 1 ---> VENDREDI 31 JANVIER 2025
Séance 2 ---> VENDREDI 21 MARS 2025 matin
Séance 3 ---> VENDREDI 21 MARS 2025 après-midi
Séance 4 ---> VENDREDI 11 AVRIL 2025

Il est vivement conseillé de suivre toutes les séances afin que le dialogue et les échanges aient lieu en continu.


Calendrier :

Séance n° 1
Date : 21-03-2025
Horaire : 14h00 à 17h00
Lieu : UT2J - Maison de la Recherche - Salle D31 (Aile D, rez-de-chaussée)
Info diverses : si vous souhaitez que cette activité soit validée dans votre parcours de formation, n’oubliez pas de signer la feuille de présence et de retourner complété le questionnaire d'évaluation qui vous sera envoyé électroniquement.


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